PREMIERE GARDE DE NUIT DE SMUR

Je m'apperçois que je passe mon temps à dire "première fois". curieusement, je n'ai pas trop stressé hier dans l'attente de l'heure fatidique de 18h.

Je suis allé réservé un hôtel-gîte "les toits de may'hôte" où je pense qu'ils seront bien, à peine 10 mn au sud de Mamoudzou avec une vue à couper le souffle sur le lagon. Bref c'est fait...

Je me suis rendu ensuite chez un Infirmier qui quitte Mayotte dans 1 semaine pour récupérer des meubles qu'il ne souhaitait plus... je récupère une table en teck et 4 chaises pour 30€...et une étagère, et une lampe... je m'en sort pas trop mal. J'ai même le temps de ramener cela à la convalescence et de retourner ensuite dans le sud où je passe par  Sada, une petite ville magnifique qui ressemble beaucoup plus aux villages suspendus des îles grecques qu'a Mayotte.... c'est très très beau..
Au gré des virages, je tombe sur "Tahiti plage" où je m'arrête boire un soda et me baigne (en surveillant les affaires) entouré de qq couples présents... c'est calme et reposant... je me surprend à ne plus penser à l'hôpital...j'éprouve du plaisir à lire, plaisir que j'avais perdu...

Bon: la garde maintenant: c'est toujours avec les même questions sans réponses que l'on débute une garde: "qu'est ce que je fais là",  pourquoi moi? pourquoi je fais des gardes et d'autres médecins n'en font pas? qu'est ce que je suis venu faire à Mayotte....? De toute façon je ne soigne des gens qui comprennes rien à ce que je dis...
Finalement, c'est pas trop mouvementé mais un évènement marquant: 2 ans détresse respiratoire inspiratoire avec tr de conscience....ça calme... Aérosols d'adré puis B2, peu d'amélioration, on essaye de poser une voie... impossible... on appelle le REA ... et là.... même ici, les Réa sont tous les mêmes...
3 shtroumpf bleus qui arrivent (un réa, son interne et son IDE) en tongue avec l'air de se balader en vainqueur... petit regard sur le patient tout pâle...."même pas peur", je m'assois lentement pour lire longtemps le dossier.....et toujours la question qui tue : "vous avez appeler l'ORL?" vous avez appeler le pédiatre?".... ben non, on a continuer à jouer aux cartes du con...

ils finissent pas trouver une voie jug externe (j'admet, c'est cool, j'aurais moi-même mis une intra-osseuse) et tout victorieux de leur geste salvateur (aucun produit de passer par voie IV) s'en remonte avec leur petit patient dans leur service en ayant pris soit de scoper le petit bonhomme inconscient....

chose surprenante: la maman dormait sur deux chaises à côté!! vraiment ça c'est surprenant. Décidément, nous n'avons pas le même rapport à la maladie.

22H: appel pour sortie SMUR: Hémorragie de la délivrance à M'radoudou au sud de l'île...jonction à 30 mn de Mamoudzou après avoir longé le lagon "by night" (glauque , on ne voit rien).
Je ne sais pas qui de nous deux serrait le plus les fesses, la jeune paturiente de 23 ans (3ème grossesse) ou bien moi...bref, pas eu besoin de sang, retour sans encombre mais bouchon à l'entré en salle d'accouchement (7 salles toutes occupées)

la fatique se fait sentir et ....BOOM 2h30: Sortie SMUR pour détresse respiratoire sur M'Tsapéré à 5 mn de Mamoudzou. C'est une patiente de 70 ans diabètique et hypertendu à qui son  médecin à dit que tout allait bien et qu'elle pouvait arrêter son ttt: moralité: Oedème du poumon et douleur thoracique au menu de ce soir.

ça se passe dans un Banga (cabane en tôle), la mamy dort sur une natte par terre, elle est essoufflée et 2 enfants dorment dans la même pièce, le linge est dans les bassines, la télé trône sur une seule armoire, pas de lumière.. incroyable, on a fait notre sortie et tout le tin touin sans réveiller les 2 enfants...dédale sinueux pour rejoindre l'ambulance... retour aux urgences, la patiente va mieux mais pose "pipi" obligatoire avec les diurétiques que je lui ai mis.

Ensuite quelques consultations (douleur abdo, maux de gorge, fatigue....) rendue difficile par la fatigue du doc et de l'heure tardive et enfin, on coupe la garde à 4h... je n'ai pas été déranger ensuite

voilà, en espérant vous avoir tenu en haleine.

à bientôt les suiveurs